Georgia Hunter – Sur les ailes de la chance (We were the lucky ones) : du roman à la série.

  1. Résumé du roman (et de la série) :
  2. L’adaptation en série d’un bestseller.
  3. La naissance d’un roman témoignage.
    1. Un choix de construction du roman qui n’est pas pour le servir.
    2. L’autre défaut de ce roman : son manque de mise en contexte.
  4. Une série qui complète à merveille le livre !
  5. En conclusion : mon avis sur le roman et son adaptation.
    1. Découvrez ma note :
  6. Focus Historique : Une brève histoire du ghetto de Radom.
  7. Sources :

Enfin, j’y suis ! 😊 Après des années à mettre cette activité de côté, je reviens à mes premiers amours : partager mes lectures à travers ce blog. Avec ce premier article, je n’ai pas choisi la facilité puisque je souhaite faire une comparaison entre un roman et son adaptation en série.

Depuis l’adolescence, j’adore lire des romans historiques sur la Seconde Guerre Mondiale, donc autant dire que le sujet de ce livre m’a intéressée ! Malgré tout, ma lecture ne s’est pas déroulée comme je l’espérais puisque après quelques chapitres, j’ai reposé le roman sur ma table de chevet avant de ne le terminer que plusieurs semaines plus tard.

Dans cette chronique, je vais tâcher d’expliquer pourquoi j’ai un avis plutôt mitigé sur ma lecture, et de quelle manière son adaptation en série m’a permis de mieux apprécier le livre.

Résumé du roman (et de la série) :

Cette histoire débute en 1938 dans la ville polonaise de Radom où la famille Kurc est réunie afin de célébrer Pessa’h. Il s’agit d’une famille juive aisée dont les parents, Sol et Nechuma Kurc, sont les propriétaires d’un magasin de tissus. Leurs 5 enfants sont adultes et mènent des vies tranquilles. Addy, l’un des garçons a d’ailleurs fait spécialement le voyage depuis la France pour retrouver sa famille. C’est encore le temps de l’insouciance pour les Kurc, bien qu’ils se rendent compte qu’il se passe des choses inquiétantes dans l’Allemagne d’Hitler.

Mais en 1939 la Pologne est attaquée et envahie par les troupes nazies à l’ouest, puis par les troupes soviétiques à l’est.

Georgia Hunter, la petite-fille d’Addy, raconte dans ce roman la véritable histoire de la survie de sa famille pendant la Seconde Guerre Mondiale. De la Pologne au Brésil, en passant par la France, le Sénégal ou encore la Sibérie, c’est un incroyable périple qui attend la famille Kurc, et les lecteurs/spectateurs que nous sommes !

L’adaptation en série d’un bestseller.

We were the lucky ones de Georgia Hunter a été publié en 2017, et c’est en 2019 qu’est sortie sa version française Sous les ailes de la chance publiée aux éditions Charleston.

En 2024, le roman a été adapté en série sur Hulu par Erica Lipez. Elle est actuellement disponible en VOD sur la plate-forme Disney +.

La série Hulu/Disney + est très fidèle au roman, c’est pourquoi je vais dans un premier temps me concentrer sur mon opinion concernant le livre, puis évoquer ensuite les apports de la série.

Sur les ailes de la chance est un roman choral qui se déroule entre 1938 et 1946. Le contexte historique est celui de la Pologne pendant la Seconde Guerre Mondiale, même si l’histoire de certains personnages va nous faire découvrir d’autres horizons.

La naissance d’un roman témoignage.

L’autrice, Georgia Hunter, est la petite-fille de Addy Kurc. C’est à l’adolescence que cette américaine a découvert que sa famille est rescapée de la Shoah. Son envie d’en savoir plus sur l’histoire de sa famille l’a poussée à mener l’enquête, puis à raconter au monde cette incroyable histoire. Comme elle le précise elle-même sur son site internet ou dans les articles de presse qui ont été consacré à son roman, les faits principaux sont strictement historiques. Elle n’a utilisé la fiction que pour combler les éléments qu’elle ignorait, ou bien pour construire les dialogues.

Chaque chapitre est donc raconté du point de vue d’un membre de la famille Kurc (Addy, Halina, Bella etc…). De temps en temps, l’autrice a inséré des pages de contextualisation historique pour séparer certains chapitres (par exemple : 8 septembre 1939, les troupes allemandes entrent dans la ville de Radom).

Un choix de construction du roman qui n’est pas pour le servir.

Si le récit ne manque pas de fiabilité historique, j’ai trouvé que la construction du roman ne nous permet pas de nous attacher totalement aux différents (et nombreux!) personnages.

Je pense que c’est cet aspect là du livre qui m’a empêchée de rentrer pleinement dans cette lecture et de l’apprécier. Je comprend pourquoi Georgia Hunter a voulu intégrer l’histoire de chaque membre de sa famille à son roman mais c’est ce qui a affaiblit son récit selon moi.

C’est totalement subjectif, et il est possible que vous ayez un point de vue différent, mais quand il y a autant de personnages (les parents Kurc + les 5 enfants adultes + les conjoints et conjointes + les enfants…), il est compliqué de s’attacher à chacun.

Il est également difficile de traiter chaque personnage de la même façon, sans compter que les péripéties de nos différents protagonistes ne vont pas toujours nous intéresser de la même manière.

Pour être honnête, les chapitres sur Addy me sortaient souvent du roman. Il est le seul personnage à vivre en dehors de la Pologne, et les chapitres qui le concernent se concentrent sur son départ d’Europe, puis sur sa souffrance face à l’incertitude du sort de sa famille.

L’autre défaut de ce roman : son manque de mise en contexte.

Ce qui m’a également beaucoup manqué dans ce roman, c’est une mise en place du contexte. En dehors des brefs chapitres sur les faits historiques, on ne sait pas exactement ce qu’il se passe.

Si vous n’avez pas déjà en tête ce qu’est un ghetto en Pologne, le fonctionnement de ces ghettos, ce que signifie « liquider » un ghetto, par exemple, alors vous aurez du mal à comprendre ce que ça implique, et surtout à vous représenter ces scènes du roman.

Malheureusement, j’ai trouvé que Georgia Hunter n’a que trop souvent survolé ces faits et la mise en contexte pour ne se concentrer que sur le développement de ses personnages et leurs dialogues.

J’ai lu le commentaire d’une personne pour qui Sur les ailes de la chance est un roman idéal pour découvrir le genre du roman historique. Je ne suis pas du tout d’accord sur ce point pour la raison que j’ai évoqué plus haut.

Les meilleurs romans historiques selon moi, sont ceux qui respectent un bon équilibre entre les faits historiques et la fiction, et qui savent surtout projeter le lecteur au cœur de l’Histoire. Avec ce roman, j’ai eu le sentiment d’être tenue à l’écart des événements. Et c’est pourquoi j’en viens à vous parler de son adaptation en série car c’est elle qui m’a permis de relever un peu mon avis concernant le livre.

Une série qui complète à merveille le livre !

La série est composée de 8 épisodes et, comme je l’ai précisé plus haut, elle est fidèle au roman. Comme dans le livre, certaines scènes sont introduites avec un bref rappel de faits historiques.

La série est très belle, les couleurs et les décors sont réussis et le jeu des acteurs est excellent. Pour moi, elle est complémentaire au roman. Elle m’a permis de mieux me projeter dans les événements et cette fois, je me suis enfin attachée aux personnages ! Halina est particulièrement importante dans la série alors que j’avais minimisé son rôle en lisant le roman.

Cependant, j’ai remarqué le même défaut entre le roman et son adaptation : le manque de mise en contexte.

Je ne recherchai pas 15 minutes d’explications sur le ghetto de Radom, ou encore sur l’insurrection de Varsovie, mais un minimum tout de même pour les spectateurs qui n’ont aucune idée de ce que c’était. Rien, on se concentre uniquement sur la famille et le reste n’existe pas.

L’autre énorme incohérence pour moi, c’est l’aspect physique des personnages. Je ne souhaite pas que des acteurs soient maltraités ou soient obligés de faire un régime drastique, mais un peu de maquillage ou l’utilisation de costumes auraient pu rendre crédible le fait que les Kurc venaient de subir plusieurs années de guerre et de privations !

Malgré tout, j’ai été très émue par le générique de fin de la série qui présentait des photos des véritables membres de la famille Kurc et des informations sur ce qu’ils sont devenus après la guerre. C’était touchant de voir à quel point le projet diabolique des nazis a échoué avec cette famille.

En conclusion : mon avis sur le roman et son adaptation.

Il s’agit d’un bon roman même s’il comporte des défauts. Georgia Hunter a fait un excellent travail de recherche pour rendre le récit crédible et pour ne pas déformer la réalité historique. Malheureusement, à vouloir raconter la vie d’autant de personnages, on a du mal à s’attacher à l’ensemble des protagonistes, et certains chapitres semblent moins indispensables que d’autres. La difficulté à se projeter dans le roman avec une véritable mise en contexte est aussi un point négatif pour ce récit.

En revanche, ce choix d’inclure l’ensemble des membres de la famille permet d’avoir une vision plus globale de l’Histoire de la Pologne pendant la Guerre : (la mise en place des ghettos, l’occupation soviétique, les camps soviétiques, la résistance juive, l’armée polonaise alliée du général Anders…). Il faut simplement se préparer à utiliser Google pour avoir plus d’éléments sur ces différents événements.

La famille Kurc a, dans son malheur, eu énormément de chance ! Au milieu du roman, je me souviens m’être demandée si c’était vraiment tiré de faits réels tant ça me semblait incroyable. Autant de culot, autant de chance ! Ça semblait parfois si facile que je me suis dit « mais oui, pourquoi les autres n’ont pas fait pareil! ». Et puis la réalité nous rattrape quand on apprend que la famille de certains conjoins des Kurc a été entièrement décimée pendant la Shoah. La quatrième de couverture nous le redit également puisque «  Seul 1% des juifs de leur ville de Radom, en Pologne, a survécu et 90% des juifs du pays ont été massacrés. »

Pour cette raison, ce livre vaut la peine d’être lu tant cette histoire est peu banale ! Si vous êtes moins familier avec la Seconde Guerre Mondiale, la série est sans doute plus abordable pour une meilleure compréhension des événements.

Découvrez ma note :

Pour le livre :

Note : 3.5 sur 5.

Pour la série :

Note : 4 sur 5.

Focus Historique : Une brève histoire du ghetto de Radom.

Porte du ghetto de Radom

Radom est une ville située au sud de Varsovie, dans la partie est de la Pologne. Les Allemands ont envahi la ville le 8 septembre 1939, et à cette époque, il y avait 81 000 habitants dont 25 000 juifs. Rapidement après l’arrivée des nazis, ils y a eu des violences et des pillages, les juifs ont été contraints au travail forcé, notamment à l’usine d’armement polonaise de Łucznik. Les Allemands ont saisi les biens des juifs (entreprises et propriétés) et ont profané la synagogue de Radom. Vers la fin de l’année 1939, un Judenrat est mis en place (il s’agissait d’un corps administratif servant à faire le lien entre le commandement allemand et la population juive).

Rue du ghetto de Radom

Le ghetto de Radom a été construit en mars 1941. Les juifs étaient expulsés de leur maison pour rejoindre la zone du ghetto. La ville de Radom accueillait les juifs de Cracovie qui avaient été expulsés afin de rendre la ville « plus propre sur le plan racial ». Le ghetto de Radom a été fermé de l’extérieur le 7 avril 1941. Il y avait en fait 2 ghettos, le « grand ghetto » dans Radom et qui contenait près de 27 000 juifs. Il était situé dans la rue Wałowa dans le quartier central de Śródmieście. Et le « petit ghetto » à Glinice qui contenait environ 5 000 personnes. A l’intérieur du ghetto, les conditions de vie devenaient de plus en plus difficile au fil du temps. Il s’agissait d’une zone surpeuplée où la famine et les épidémies se sont rapidement développées. Une personne avait le droit à une ration de 100g de pain par jour. La liquidation définitive du ghetto a eu lieu à partir d’août 1942 dans le cadre de l’opération Reinhard (nom de code désignant l’extermination systématique des juifs de Pologne). Le ghetto de Glinice a été le premier a être liquidé avant que ce ne soit le tour du « grand ghetto ». Les juifs de Radom étaient déportés vers les camps d’extermination de Treblinka et Auschwitz. Certaines personnes étaient cependant exécutées sur place avant même de monter dans les trains (notamment les infirmes et les personnes âgées qui ne pouvaient pas se déplacer, ou celles qui résistaient). Des Polonais ont été victimes de représailles terribles dans les villages aux alentours de Radom pour avoir voulu aider des juifs.


Sources :

Et vous, qu’avez-vous pensé de cette histoire ?

Si vous avez lu Sur les ailes de la chance de Georgia Hunter ou vu la série, partagez vos impressions en commentaire !

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